Tri Angle Records, R&B Souterrain

Il y a quelques mois, on vous présentait Sincerely Yours, ce label suédois basé à Göteborg cultivant une Balearic Pop ensoleillée. Tri Angle Records en est son parfait opposé. Ici, hors de question d’aborder les plages de sable fin, la mer turquoise et les dauphins qui y nagent; mais plutôt les catacombes londoniennes, l’odeur de la mort et cette poussière qui vous pique le nez. Deux labels, deux colorations, d’un côté le rêve, de l’autre le cauchemar.

Le label est fondé en 2010 par Robin Carolan, collaborateur de l’excellent blog 20 Jazz Funk Greats, après qu’il ait découvert la musique de Balam Acab. Ce dernier sera le premier à sortir une oeuvre physiquement sur le label avec l’EP See Birds, mais avant lui, Tri Angle proposera une compilation géniale, Let Me Shine For You, sur laquelle Autre Ne veut, oOoOO ou encore Oneothrix Point Never reprennent des tubes de Lindsay Lohan. Pour finir l’année en beauté, le label signera l’artiste oOoOO, qui sortira dans la foulée l’EP du même nom.

L’année suivante, Tri Angle se permet le luxe de rééditer le premier album de How To Dress Well, Love Remains et de sortir deux EP essentiels, Rainforest de l’incroyable Clams Casino et With U de Holy Other. Le bouche à oreille commence à fonctionner et le label attire de plus en plus la curiosité des critiques indés.

2012 est l’année de la consécration grâce au premier EP d’un duo alors inconnu, AlunaGeorge, qui recueillera le succès que l’on connait depuis, mais aussi grâce aux deux premiers albums sortis sur le label, Order of Noise de Vessel et Held de Holy Other qui confirmeront le goût de Tri Angle pour le R&B experimental vaporeux.

Tri Angle a déjà marqué au fer rouge l’année musicale en sortant les deux plus grands albums de musique expérimentale de 2013, le terrifiant Excavation de The Haxan Cloak, et le troublant Engravings de Forest Swords. Deux albums qui confirment la volonté du label de se diriger vers des travaux toujours plus exigeants. Le petit dernier à rejoindre la bande est le producteur néo zélandais Fis, qui s’aligne sur les dernières sorties du label, avec un son au summum de l’horreur. On a pas fini d’avoir peur.