Le Top 5 Albums Du Mois : Octobre

C ‘était un mois important avec la sortie du Reflektor d’Arcade Fire mais aussi avec les albums des deux maîtres de l’ambient contemporain, Tim Hecker et Oneothrix Point Never, dont les travaux sont au final assez inégaux et décevants. On mentionnera aussi le surprenant album de Son Lux, Lanterns, qui ne figure pas dans notre Top 5 mais qu’on vous recommande fortement. Voici le Top albums du mois d’octobre :

5. Omar Souleyman – Wenu Wenu [Ribbon Music]

L’histoire est belle, celle d’un syrien inconnu, véritable star dans son pays où il gagne sa vie en chantant aux mariages, et dont la carrière prend un tournant quand le label Sublime Frequencies a la bonne idée de sortir sur quelques compilations des enregistrements saisies lors des fêtes où il fait son apparition. Les critiques se passionnent alors pour le créateur d’un genre musical invraisemblable, une techno du Moyen Orient nommée Dabke, qui fera rapidement bouger le monde entier. Trois ans plus tard, le voilà en studio avec Kieran Hebden (Four Tet) à la production, parcours de dingue oblige, pour un album fidèle à la recette du Syrien, qui pousse à bouger les épaules et à crier Yallah.

Meilleurs Morceaux : Wenu Wenu / Ya Yumma / Warni Warni

4. Arcade Fire – Reflektor [Merge]

Arcade Fire a un nouveau statut, celui délaissé par le grand Radiohead, le titre de meilleur groupe du monde, une place que personne n’oserait remettre en cause tant la bande a convaincu critiques comme public depuis ses débuts. Et pour assumer ce statut, la promo a parfaitement été assumée, moins opulente que celle de Daft Punk certes, mais tout de même très efficace. Et il faut dire que ça commençait très fort avec l’un des gros morceaux de l’année, l’époustouflant Reflektor, d’une précision incroyable auquel succédait le très séduisant Afterlife. Deux titres qui nous faisaient dire que Reflektor serait sans doute le  »vrai » album de 2013. Pour une grande partie des critiques ce fut le cas, jugeant le basculement d’Arcade Fire dans cette disco-pop, parfaitement justifiée et ô combien galvanisante.

De notre côté, on reste perplexe. On regrette tout d’abord une nouvelle fois cette fâcheuse habitude de vouloir faire un double album, beaucoup trop long, beaucoup trop lourd, dont la deuxième partie apparaît presque ennuyante. Mais il y aussi ces mélodies peu évidentes, souvent fades qui tranchent nettement avec d’autres morceaux à la fougue exceptionnelle. L’album est donc déséquilibré et on assiste selon moi depuis Funeral à une dégradation et une dénaturation du travail d’Arcade Fire. On apprécie évidemment le risque pris par le groupe, mais c’est moins puissant, moins émouvant, moins Arcade Fire.

Meilleurs Morceaux : Reflektor / Afterlife / It’s Never Over

3. Kelela – Cut 4 Me [Fade To Mind]

C’est clairement la mixtape du mois d’octobre. Kelela, jeune londonienne d’origine éthiopienne a éclairci ce mois pauvre en sorties R&B, avec un travail magnifié par la patte de quelques prometteurs producteurs anglais, Jam City, Nguzunguzu et Bok Bok. La combinaison d’une musique électronique minimaliste et d’une voix chaude à l’accent R&B suffit pour affirmer que Kelela est l’une des grandes révélations de cette année. On la retrouvera d’ailleurs sur la compilation du nouveau label de Solange Knowles, Saint Records, aux côtés de nos chouchous Petite Noir ou Sampha pour le morceau Go All Night.

Meilleurs Morceaux : Enemy / Keep It Cool / Cut 4 Me

2. Gesaffelstein – Aleph [EMI]

La réputation de Gesaffelstein a pris de l’ampleur cette année, pas tant pour cet album, Aleph, mais pour les deux productions sur le Yeezus de Kanye West, Send It Up et Black Skinhead, et forcément ça parle. Pour ce 14 titres, Gesaffelstein continue de faire dans la techno banger bien salasse, celle qui claque, dark et violente au possible notamment sur ses deux singles, Pursuit et Hate Or Glory. Mais il y avait aussi ce besoin de calmer le jeu, de faire descendre le rythme cardiaque, sur des morceaux atmosphériques, à la grâce surprenante quand on connait la vigueur du bonhomme. C’est donc un album à double température, qui saisit les tripes et confirme après deux premiers EP d’une grande qualité, les dons du jeune lyonnais, sorcier vaudou à la sauce industrielle.

Meilleurs Morceaux : Pursuit / Hate Or Glory / Aleph

1. Darkside – Psychic [Matador / Other People]

Depuis Space Is Only Noise, Nicolas Jaar a acquis le statut de grand espoir de l’électro contemporain, après avoir inventé un groove expérimental fascinant. Le garçon a décidé depuis de mettre sa carrière solo entre parenthèses et de se consacrer au projet Darkside avec Dave Harrington, multi-instrumentaliste et guitariste de génie. Après un premier EP séduisant et un remix intégral de Random Access Memories osé, Psychic apparaît en cette fin d’année comme l’une des plus grandes claques de 2013. L’oeuvre surnage les genres, du space-rock, du blues, quelques claviers aux inspirations drone parfois, mais ne perd à aucun moment son homogénéité. Le travail de Jaar est toujours aussi mesuré et percutant, et Darkside représente la suite logique de son oeuvre, une musique d’une profondeur incroyable et toujours aussi contemporaine.

Meilleurs Morceaux : Golden Arrow / Paper Trails / The Only Shrine I’Ve Seen